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Valentine Benoist 2/2

Valentine Benoist
My Hungry Valentine

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Epicure au service de la Reine

Quoique… Car si Son Altesse Royale n’est pas frileuse à l’idée de dîner dans Londres, il en va autrement pour nous autres français, persuadés que nos palais de gastronomes seront éprouvés par les extravagances culinaires de nos voisins anglais. Billevesées vous rétorquerait Valentine Benoist, qui en fondant le site My Hungry Valentine a voulu réconcilier les français avec les tables anglaises et même leur montrer que la scène culinaire londonienne est infiniment plus marbrée que sa consœur parisienne. Pouvait-elle cependant se repaître exclusivement d’un guide virtuel d’adresses ? Le foisonnement de ses initiatives gustatives suffit à attester le contraire.

Ici Londres. Une française parle aux français.

Elle s’était séparée brusquement de l’Angleterre 5 ans auparavant lorsque Valentine débarque de nouveau à Saint Pancras. Elle collabore alors toujours pour le Fooding et signe des articles pour Do It in Paris, entre autres, mais voit poindre un nouveau projet qu’elle souhaite mener derechef. Les textos de ses amis français à Londres affluent, ils l’exhortent de leurs recommander des restaurants. Valentine y voit une opportunité de partager son savoir-faire : « j’étais la seule française avec une expertise food à Londres » et crée My Hungry Valentine avec l’ambition de redorer l’image galvaudée de l’assiettée anglaise en dénichant les tables du moment. Son angle séduit, le site fonctionne.

Cinq mois après son lancement, Valentine qui distille une adresse par semaine s’engage dans une autre croisade, celle de gommer les distances qui empêchent aux consommateurs d’entrer dans un restaurant : « A Londres, le grand problème ce sont les distances entre les quartiers, si quelqu’un vit au Nord Est, il ne traversera pas toute la ville juste parce qu’une adresse est recommandée dans le Sud. » Pourtant c’est bien le dessein de Valentine

« Prendre les clients par la main en organisant des diners spéciaux dans des restaurants hors de leur quartier. »

La soirée se doit d’être un événement alors Valentine collabore avec un pub qui cache une magnifique salle à manger XVIIIème à l’étage, et y organise un banquet. Un autre jour c’est un déjeuner d’affaires qu’on lui demande d’orchestrer. Juste après le Brexit, Valentine inaugure dans une résidence de chefs, une collaboration avec des jeunes chefs européens : chaque mois, l’un d’entre eux s’empare de la cuisine le temps d’un diner. S’entourant de plusieurs maisons de vins qui sponsorisent la soirée, Valentine dilue l’addition des invités et leur sert le meilleur nectar. Ses diners confidentiels – en ce qu’ils ne disposent que d’un nombre de places limités – se chuchotent dans Londres mais voilà Valentine rattrapée par sa fièvre d’aventures et de voyages.

D'un café naquit un livre.

Janvier 2017, quelque part au nord de l’Argentine, Valentine et son mari débutent un périple œnologique baptisé La Débouche. Ils s’offrent six mois pour sillonner l’Amérique Latine à la rencontre des vignerons qui élèvent des vins biologiques. A l’Argentine succèderont le Chili, le Pérou, le Mexique et enfin la Colombie. Terreau de plants de café d’exception plus que de vignes réputées, c’est lors de cette dernière escale qu’avalant un expresso endémique, Valentine et son mari se figurent leur rentrée à Londres. Ils évoquent d’abord un marché de Noël que Valentine organiserait en sélectionnant des marques qui ont trait à la cuisine, déjà en vogue ou en train d’éclore, offrant ainsi une plateforme à ces pépites dispersées. Valentine ne veut se cantonner à l’organisation de l’événement et souhaite avoir un produit à présenter, c’est ainsi que germe l’idée d’une version papier de son site My Hungry Valentine. Nous sommes en juin, six mois la séparent de Noël et donc de l’impression de ce qui n’est alors qu’un projet fantasmagorique.

Quelques semaines de réflexion et d’écriture s’écoulent pendant lesquelles de sa plume – et de son palais – nait A Tables London, un guide recensant les 50 tables essentielles de Londres « Je ne voulais pas que la version papier soit une redite de mon site et risque d’être obsolète dans un an car à Londres, beaucoup de restaurants ouvrent mais ne survivent pas trois mois. Sur le site, je peux retoucher une fiche mais pour la version papier, il fallait des tables dont j’étais sûre de la pérennité. »

Alors elle repart en chasse des incontournables, égrenant les rues, griffonnant des chroniques en français et en anglais. Autre originalité du guide, la notice à l’usage des consommateurs pour embrasser les us anglais – on y apprend notamment qu’il ne faut pas espérer diner après 21.30-.
Si la publication du livre qu’elle gère entièrement – elle a choisi l’auto édition – l’accapare, Valentine parle déjà de l’après avec empressement. De la refonte de son site avec l’ouverture d’une boutique en ligne, de l’écriture de son prochain guide - déclinaison du premier avec 50 nouveaux essentiels gustatifs à Londres- et même d’une ligne de vaisselle en céramique – qu’elle façonne elle-même.

Valentine, je suis entrée dans ce café en pensant rencontrer une consoeur et ressort étourdie par l’étendue de tes activités. Nul doute que les étagères se gargariseront de porter A Tables London. Et les suivants.

A Tables London est disponible en pré commande sur le site de financement participatif Kiss Kiss Bank Bank.