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Isaure Gobilliard 2/2

Isaure Gobilliard
Professeur d'art oratoire

 

Révéler le super orateur
enfoui en chacun d’entre nous

Piquée au vif, ma curiosité m’a poussée à vouloir savoir ce qu’un professeur d’art oratoire enseignait. Alors que je m’attendais à ce qu’Isaure Gobilliard me présente une façon de travailler, j’ai découvert une philosophie, un état d’esprit. Le point de départ de l’art oratoire c’est de penser que toute personne qui prend la parole est un orateur qu’un contrat tacite lie à son auditoire. Et que pour transmettre ce message supérieur à elle, il lui faut s’engager corps et âme. Un postulat défendu par l’école de l’art oratoire dont Isaure s’est beaucoup inspirée pour bâtir sa propre méthode, un parcours très concret fait de moyens techniques pour apprendre à être entendu.

L'enjeu de la rencontre

Alors qu’elle se posait la question de son avenir professionnel, Isaure a écouté ses amis parler de leurs expériences en entreprise. Elle fait alors le constat que l’on parle beaucoup justement au travail mais que peu se sentent écoutés ou entendus, ils ont pour la plupart le sentiment que le message ne passe pas ou en tout cas n’incite pas les interlocuteurs à passer à l’action. Et pourtant le fond du message n’est pas mauvais, ce n’est donc pas lui qui est à incriminer.
« Ce qui manque aux orateurs médiocres c’est l’engagement face à leur public » - bien assise dans son fauteuil, ses yeux bleu glacier plantés dans les miens, Isaure Gobilliard poursuit – « la première question que je pose systématiquement c’est : Comment considérez-vous les personnes que vous avez en face de vous ? Est-ce qu’il y a un enjeu à cette rencontre ? Est-ce que ça vaut le coup de leur faire passer un message ? ». La posture que je tiens, la façon dont je regarde mon auditoire – qu’il soit composé d’une ou de 100 personnes- joue un rôle dans la réception de mon message. Notre talon d’Achille serait donc notre corps.

Réaligner le corps, le cœur et l'esprit

Nous serions trop nombreux à nous laisser piétiner par le message que nous voulons faire passer sans penser au corps qui le transmet. Or si par mon comportement, je ne montre pas que la discussion que j’amorce est plus importante qu’un échange à la machine à café, je ne provoque pas la rencontre.

« Le premier outil de l’orateur ce n’est pas son blabla c’est son corps. Et pourtant quand je vois parler mes élèves la première fois, j’ai l’impression qu’ils sont déconnectés de leur corps, qu’ils ne sont qu’un cerveau. »

Et pour que ce volatile cerveau reprenne place dans son corps, Isaure filme ses élèves, les met en situation, leurs fait faire des jeux de rôles. Autant d’exercices autour de la posture, du regard, de la voix visant à faire prendre conscience à ses élèves que leur corps est un outil au service de leur message. Le travail se fait aussi sur les émotions : les miennes et celles de l’auditoire, qui malgré lui va me donner des indices sur son état d’esprit.
Corps, cœur et esprit alignés, l’orateur peut interpréter maintenant le message qu’il veut transmettre. Car c’est là la clé de l’art oratoire : l’orateur va interpréter un message au même titre qu’un comédien interprète au service d’une cause ou d’un auteur. Ainsi si j’ai su répondre à la question Pourquoi je m’apprête à dire ce que je vais dire ? la réponse sera mon unique raison de me mettre en scène au service de mon message. Isaure semble anticiper ma prochaine question en prenant d’emblée l’exemple du grand timide qui dès lors qu’on lui met un texte de théâtre entre les mains va savoir l’interpréter avec aisance.

« Ce n’est pas le hasard ! C’est simplement qu’en devenant l’interprète d’un texte, il relâche la pression et peut s’exprimer plus facilement ».

Tous identiques ?

Chacun de nous serait donc un excellent orateur en puissance s’il prenait le temps d’apprendre la technique exactement comme un comédien. « Les meilleurs comédiens pour qui on a pleuré ce sont des acteurs d’une technique incroyable ! L’orateur, ça devrait être ça : quelqu’un qui me prend en charge pour m’emmener quelque part ». Si les exercices de techniques sont les mêmes pour tous ses élèves, Isaure me rassure, ça ne fait pas d’eux des êtres identiques. Puisqu’une fois la technique acquise, à chacun d’insuffler son style personnel, une trentenaire célibataire et chef d’entreprise ne va pas s’exprimer de la même manière qu’un homme d’une cinquantaine d’année au chômage et pourtant la leçon aura été la même !

Libérons le super orateur caché derrière nos tics de langage, en apprenant auprès d’Isaure Gobilliard la technique de l’art oratoire !